Des réflexions par-ci par-là, trop personnelles pour être partagées
Le caractère a cette vertu fascinante de pouvoir changer de visage d’une seconde à l’autre. Un regard, un geste, une remarque, l’humeur saute.
On se cherche dans les yeux des autres, dans les mots qu’ils posent sur nous, dans leurs silences aussi. On s’accroche à des rôles familiers, espérant qu’ils nous définiront mieux que nous-mêmes. On endosse des personnages que l’on ne reconnaît qu’à moitié, dans l’espoir que si l’on joue assez longtemps, le costume finira par coller à la peau.
Sans réflexion, clé de voûte de nos identités, nous ne sommes que des fantasmes. Des images projetées, lacunaires.
Il y aurait donc plusieurs strates narratives à notre visage, dont les traits et le masque se confondent.
Dans une succession de peaux qui ne cessent de naître et de mourir, de costumes que l’on quitte et que l’on revêt tour à tour, nos identités se contredisent sans jamais vraiment disparaître.
Anna BOULATSEL
